C’est indéniable : dans une région historiquement à gauche, cette montée en puissance du parti d’extrême-droite, aux européennes de dimanche, engendre des réactions divergentes parmi les habitants. Le Rassemblement national arrive en tête dans les Hauts-de-France !
Feu Pierre-Mauroy, jadis Premier ministre de François-Mitterrand et maire de Lille, doit « se retourner dans sa tombe ». Pareil pour André-Delelis ex-ministre du Commerce et de l’artisanat sous la même mandature et longtemps maire de Lens.
Séisme politique
Pour sa part, Jean-Pierre Kucheida, ancien-député-maire de Liévin, a 81 ans. Les évènements actuels ne doivent pas le réjouir… De l’autre côté de l’échiquier, à 96 ans, un certain Jean-Marie Lepen doit jubiler. Quarante ans après sa percée légendaire aux mêmes européennes, en 1984, ses idées ont fini par payer. Certes, le patriarche a été évincé de son propre parti par sa fille, Marine. Mais il est quand même le fondateur du FN, devenu RN.
« Malaise social«
Alors que pense-t-on dans la rue, au lendemain de ce séisme politique qui ébranle la France ? Pour le savoir, cap sur trois villes marquées à gauche dans le Pas-de-Calais, Liévin, Lille et Arras. Objectif : recueillir les opinions des citoyens sur cette évolution politique majeure.
À Liévin, le Rassemblement national a obtenu un soutien significatif des urnes. André, un résident local, est satisfait de la progression du parti : « Il était grand temps que les préoccupations des citoyens soient enfin prises en compte« . Le Liévinois met particulièrement l’accent sur la question de l’immigration, considérée « comme un facteur déterminant dans son choix de vote en faveur du Rassemblement national« .
Manifestation à Arras
À Lille, bastion traditionnel de la gauche, Martine est une étudiante engagée politiquement. Elle exprime sa déception face à la montée du Rassemblement national dans la région. Selon elle, « cette évolution politique reflète un malaise économique et social plus profond au sein de la société« . Toutefois, elle insiste sur l’importance « de continuer à promouvoir les valeurs d’ouverture et de solidarité en opposition aux idées nationalistes« .
Enfin, à Arras, Bernard, un retraité, a voté pour un parti traditionnel de droite. Il exprime ses inquiétudes quant à la montée du Rassemblement national. L’Arrageois souligne « la nécessité de rester vigilant face aux discours populistes ». Les groupes locaux des forces de gauche appellent à un rassemblement ce jeudi 12 juin, à 18 heures à Arras sur la place Foch, devant la gare.
« Préserver la démocratie«
La capitale du Pas-de-Calais doit « préserver les valeurs démocratiques fondamentales« , continue le retraité. Pour lui, il est crucial de trouver un équilibre « entre la prise en compte des préoccupations des citoyens et la protection des principes démocratiques« .
Les résultats des élections européennes dans les Hauts-de-France ont clairement démontré, une fois encore (lire ZOOM plus bas), la progression significative du Rassemblement national. Certains citoyens se réjouissent de cette évolution politique. D’autres expriment des inquiétudes quant aux conséquences de cette montée en puissance des extrêmes. Il est essentiel de comprendre les raisons profondes de cette popularité croissante.
Dialogue et réflexion
Il s’agit de continuer à analyser les facteurs socio-économiques et culturels qui ont favorisé cette tendance. La diversité des réactions, observées dans les différentes villes de la région, souligne l’importance d’un dialogue constructif et d’une réflexion approfondie sur ces enjeux politiques majeurs. Les prochaines élections législatives anticipées auront lieu les 29 et 30 juin 2024 pour le 1er tour et les 6 et 7 juillet 2024 pour le 2d tour.
ZOOM
Hauts-de-France : RN majoritaire
Bien que quelques communes échappent à cette règle, le Rassemblement national est le parti majoritaire dans les Hauts-de-France. Aux dernières élections européennes, avec 42,4% des voix en faveur du Rassemblement national, la région est la première de France hexagonale à avoir voté pour le parti d’extrême droite. Des scores élevés, tout comme aux dernières présidentielle et législatives de 2022. Lors du premier tour de la Présidentielle, Marine Le Pen a obtenu 33,36 % des voix, soit 10 points de plus qu’à l’échelle nationale. Au second tour, Picards et Nordistes ne se sont pas ravisés. La plupart des communes ont donc choisi le Rassemblement national. Seules exceptions : les métropoles ; le sud de l’Oise et la baie de Somme.
Un véritable séisme pour une région enracinée à gauche dans les années 1980.
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