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SAINT-POL-SUR-TERNOISE

par Frédéric Pinchon

Saint-Pol-sur-Ternoise est en deuil après la disparition du docteur Pierre Grave. Cette figure emblématique et respectée de la ville, est décédée dans la nuit de lundi à mardi. Sa disparition résulte des suites d’une longue maladie. Il avait 78 ans. Avec plus de 50 ans de service dévoué, sa contribution à la communauté locale laisse un vide difficile à combler.

Arrivé dans la capitale du Ternois en 1972, Pierre Grave s’installa rue de Béthune. Il y ouvrit son cabinet médical. Très vite, il devint un visage familier pour de nombreux habitants. « Le docteur était bien plus qu’un médecin. C’était un confident, » se souvient Jeanine, une patiente de longue date. « Il a accompagné plusieurs générations de familles ici. J’ai travaillé avec lui à la radio. C’est une immense perte », témoigne Michel.

Figure publique polyvalente

Le docteur Grave ne se limitait pas à la pratique médicale. Dans les années 1980, il se lança dans le monde des médias et du divertissement. Il créa la Radio des 3 vallées, en 1986, en partenariat avec La Voix du Nord. Initialement, les studios étaient basés à Œuf-en-Ternois. C’est un village situé entre Saint-Pol-sur-Ternoise et Hesdin. La station, baptisée FMT, gagna vite en popularité. Plus tard elle fut intégrée au réseau national Europe 2. Elle se rapprocha alors de Saint-Pol-sur-Ternoise, à Siracourt. La radio cessa d’émettre début 2007. « Pierre Grave avait une passion pour la communication. Il savait comment rassembler les gens. Je lui dois ma carte de presse », raconte Fred, ancien journaliste sur Europe 2. « Son énergie et son enthousiasme étaient contagieux. Il avait des idées à revendre ! », ajoute-t-il.

Engagement politique

À l’approche de la quarantaine, Pierre Grave se tourna vers la politique. En 1980, il créa le Mouvement d’intégration locale (MIL). Ambition affichée : conquérir la mairie de Saint-Pol-sur-Ternoise. Bien qu’il n’ait jamais réussi à obtenir ce poste, il siégea comme élu d’opposition au conseil municipal. « Il était très engagé pour améliorer notre ville », note Isabelle, saint-poloise de souche. « Même s’il n’a pas atteint tous ses objectifs politiques, son implication a marqué les esprits », poursuit Gérard, ex-élu. Pierre Grave a longtemps soutenu Philippe Vasseur (proche de François Léotard) avant de s’en éloigner.

Saint-Pol-sur-Ternoise est en deuil après la disparition du Docteur Pierre Grave.
Signature entre Jean-Louis Prévost et Pierre Grave, sous les yeux de MM. Pinchon et Réveillon, de la convention entre la radio et le journal (Photo La Voix du 30 octobre 1986).

Sur le plan médical, le docteur Grave joua un rôle crucial dans la coordination des services d’urgence et du SAMU. Sa compétence et son dévouement ont sauvé des vies. « Il était toujours en première ligne quand il s’agissait d’organiser les secours », témoigne Thomas, un collègue du SAMU. Il poursuit : « Son expertise et sa rapidité d’action étaient inégalées. » Le frère de Pierre, Philippe, de quelques printemps son cadet, était aussi médecin.

La disparition de Pierre Grave tourne une page importante dans l’histoire de Saint-Pol-sur-Ternoise. « C’est comme si une partie de notre ville s’était éteinte », confie Monique, une voisine. « Il était présent dans tant de moments importants de nos vies, qu’il s’agisse de naissances, de maladies ou d’autres événements majeurs », dit-elle encore.

Héritage durable

Le vide laissé par le docteur Grave sera difficile à combler. Cependant, son héritage demeure à travers les innombrables vies, qu’il a touchées. Sa contribution à la communauté, tant sur le plan médical que social et politique, témoigne de son engagement et de son amour pour Saint-Pol-sur-Ternoise. « Il restera dans nos cœurs et nos mémoires comme un exemple de dévouement et de service », conclut Jeanine, émue. Pierre Grave avait les défauts de ses qualités : il était constamment en retard à ses consultations. Il faut dire que la salle d’attente était bondée… Ainsi, un jour de carnaval de 1984, les célèbres Pères Lajoie (association fondée en 1922), se fendirent d’une boutade, épinglée sur la vitrine du journal La Voix du Nord : « L’heure est Grave mais Grave n’est pas à l’heure ! ».

Alors que la ville se prépare à lui rendre un dernier hommage, les habitants se souviennent de Pierre Grave. Non seulement comme un soignant exceptionnel mais, aussi, comme une âme inspirante. Son parcours illustre l’impact profond qu’une personne peut avoir sur sa communauté. Son souvenir continuera d’inspirer les générations à venir. Mardi, le conseil départemental du Pas-de-Calais de l’Ordre des médecins, a annoncé la mort du docteur Grave à ses confrères, par un communiqué officiel.


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