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Il y a 8.000 orgues en France. La moitié est hors d’usage. Celui de Ham est fatigué. Le 3 juillet dernier, le conseil municipal a accordé une aide financière pour le réparer.
? Patrick Delarue est le seul organiste à officier à Ham depuis 1987. Il préside aussi aux destinées de l’Association des amis de l’orgue. Rencontre.

Le Journal de Ham.- Comment vous est venue la passion de jouer de l’orgue ? C’est votre métier ?

Patrick Delarue.- Pas du tout. Je suis retraité de la banque. J’ai 65 ans. Je joue de l’orgue à Ham depuis 1987. J’ai toujours été fasciné par la beauté du son d’un orgue. En plus, l’église de Ham bénéficie d’une acoustique comme nulle part ailleurs. Ecoutez ce son ! J’ai démarré sur le tard. Il n’y a pas de musicien dans la famille. Toutefois il se peut que mon arrière-grand-père ait été organiste à Rouen autrefois.

LJH.- L’orgue de Ham a 73 ans. C’est vieux pour ce type d’instrument ?

P. D.- Il a été réalisé en 1950 par les établissements Beuchet-Debierre. Cette construction a été financée par les Allemands. C’était au titre des dommages de guerre, dus à la France, après sa démolition pendant la Seconde guerre mondiale. Sa construction n’a pas été facile. L’orgue à transmission électrique de Ham pèse 3 tonnes ! Théoriquement, un orgue a une durée de vie indéterminée. L’un des plus vieux spécimens de France se trouve dans l’Aisne, à Saint-Michel-en-Thiérache. On murmure que le roi Louis XIV y aurait joué…

LJH.- Qu’appelle-t-on un  » buffet d’orgue  » ?

P. D.- En fait il s’agit de la boiserie. Elle contient les tuyaux et la mécanique. L’orgue de Ham compte 2.200 tubes.

LJH.- On joue de l’orgue de la même manière que l’on utilise un piano ?

P. D.- On quelque sorte oui. Mais le toucher est différent. En plus, l’organiste se sert aussi de ses pieds pour faire de la musique. Il utilise des chaussures spécifiques. Certains jouent même pieds nus ou en chaussettes. Ce détail est important car il joue avec la pointe du pied et du talon. Le clavier compte 61 touches pour les mains et 32 en bas pour les pieds.

L’orgue de l’église de la ville a été reconstruit après la dernière guerre.

LJH.- Pourquoi avez-vous installé un rétroviseur à la gauche du clavier ?

P. D.- En effet, je joue face à l’instrument. Le rétroviseur est indispensable pour voir ce qui se passe dans l’église. A Ham, la capacité d’accueil est tout de même de 500 personnes. Il faut s’assurer en permanence que va bien.

LJH.- Des concerts sont-ils organisés de temps en temps ?

P. D.- Il y a un concert une fois par an, en octobre. C’est pendant les Journées du patrimoine. Moi je joue chaque dimanche à l’église. Je propose aussi mes services quand il y a un enterrement.

LJH.- Il est prévu d’investir beaucoup d’argent public pour restaurer l’orgue. Quels sont les problèmes s’il n’est pas si vieux que cela ?

P. D.- Le souci principal est que l’instrument n’a jamais été restauré depuis soixante-treize ans. Il est très sale et plein de poussière. Il y n’y a plus de pigeons morts dans l’orgue. Parfois il y a des cornements. L’église est classée aux Monuments historiques.

LJH.- Pourtant les tuyaux semblent propres ?

P. D.- Il y en a tellement que l’on ne peut pas visualiser les défauts. Il faut faire appel à un professionnel de la restauration. Beaucoup de tuyaux sont souillés par la crasse et les excréments des volatiles. L’usure et la saleté se voient beaucoup mieux le soir. C’est pareil pour le buffet d’orgue. Certaines membranes restent coincées.

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LJH.- L’aide de 80.000 euros allouée par la ville suffira-t-elle à rendre sa jeunesse à l’orgue ?

P. D.- La somme votée début juillet est un minimum. Elle a été basée sur une estimation de la restauration en 2022. Les travaux sont prévus depuis sept ans. 

LJH.- Quels professionnels réparent un tel instrument ?

P. D.- Nous avons des contacts avec 3 facteurs d’orgues des Hauts-de-France. Des devis ont été établis. Je ferai mon choix avec le conseil municipal en fin de l’année.

LJH.- Comment va se dérouler le chantier ?

P.D.- Le facteur d’orgues emmène à son atelier les plus gros tuyaux. 90 % d’entre eux seront restaurés. La console électrique doit être revue. Des électro-aimants fatigués seront changés. Les membranes des tuyaux aussi. Le soufflet principal doit être remis en état. Les 80.000 euros alloués par la Ville ne comprennent pas le re-câblage de la console électrique. 

LJH.- Combien de temps vont durer les travaux ?

PD.- Au moins un an ! En attendant, on fera avec les moyens du bord, c’est à dire avec les tuyaux encore en place.

Entretien
Frédéric Pinchon

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